Gérer l’eau pour prévoir demain : l’ASA du canal de Gap

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Synopsis

Le documentaire « Gérer l’eau pour prévoir demain : l’ASA du canal de Gap » a été réalisé par Christophe Rosanvallon en 2011 dans la commune de Gap, chef-lieu du département des Hautes-Alpes dans située dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce documentaire a pour but de nous présenter les particularités de la gestion de l’eau sur le territoire Gapençais par l’ASA du canal de Gap.

L’Association Syndicale Autorisée (ASA) du canal de Gap doit gérer, capter et distribuer la ressource en eau brute destinée à l’irrigation des terres agricoles et à la consommation d’eau potable. L’ASA est une association de propriétaires sous tutelle de l’État dont l’objet est la desserte d’eau brute à ses adhérents pour l’irrigation et l’eau potable; elle réalise les travaux et la maintenance nécessaire pour assurer ses fonctions.

Dans sa forme actuelle, le canal actuel a été construit au 19ème siècle, il est néanmoins plus ancien puisqu’un premier tracé est connu depuis le Moyen-Âge. Le canal capte l’eau du Drac, torrent de montagne et affluent de l’Isère, et change de bassin versant par un tunnel de 12 km traversant la montagne d’Ancelle, sous le col de Manse, avant de servir ses divers utilisateurs. Le transport de l’eau se fait par gravité, de la prise d’eau située dans le Haut-Champsaur, jusqu’au réservoir des Jaussauds.

Le documentaire montre que cette eau est utilisée par les particuliers, les agriculteurs et les collectivités territoriales. Le canal de Gap a pour objectif de sécuriser les approvisionnements en eau. De ce fait il peut irriguer 7000 hectares, dessert 15 communes (dont la ville de Gap), soit 5000 personnes par un réseau de canalisations de 600 km, et a une capacité de stockage de 2,5 millions de m3 d’eau pour 4 réservoirs. On observe un travail en synergie entre les agriculteurs et les employés du canal dont nous découvrons les métiers.

Ce film nous offre un aspect historique, du premier canal construit au Moyen-Âge jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’union des ASA pour l’arrosage par aspersion dans la partie amont du canal de Gap.

De nombreux agriculteurs prennent la parole et expliquent que le canal de Gap est indispensable pour qu’ils puissent pratiquer leurs activités, des tours d’eau étant organisés pour que chaque utilisateur puisse bénéficier de son droit d’eau.

L’ASA du canal de Gap a permis de réduire les pertes et de réaliser une meilleure gestion et un meilleur contrôle des flux d’eaux par un stockage lors des périodes d’étiages. Le stockage se fait principalement lors de la fonte des neiges, lorsque le débit de 5 m3/s peut être atteint à la prise des Ricoux.

Sont abordées les techniques permettant la livraison d’une eau de qualité en termes de matière en suspension et de turbidité et en quantité suffisante. Pour cela de nombreux projets sont élaborés, autant sur la création de nouvelles infrastructures que sur la restauration d’anciennes.

De plus la production d’hydroélectricité sur le canal contribue à assurer des recettes constantes et permet de pérenniser le service de livraison et de distribution tout en maintenant un prix de l’eau stable. 

Sans la possibilité de prélever de l’eau dans le Drac , l’ASA ne serait plus en mesure de fournir l’eau à ses adhérents et serait fragilisée. C’est ce qu'elle redoute avec la mise en place prévu en 2014 [le film date de 2011 du débit réservé au 1/10ème du module du cours d’eau, contre 1/40ème avant l’application de la LEMA. Pour compenser cette perte, l’ASA souhaite augmenter sa capacité de stockage à la fonte des neiges et substituer au mieux les débits prélevés plus faibles à l’étiage, tout en continuant la réduction des pertes et la gestion fine des flux. Cependant, la probable augmentation de fréquence des années sèches liée au changement climatique s’ajoute au fait que les hauteurs de neige sont globalement en baisse, mettant en difficulté les projections vis-à-vis de la pérennité de la ressource. Quelles seront les mesures à mettre en place pour respecter le Code de l’environnement et préserver l’ASA et sa gestion efficace des eaux dans l’avenir ?

Analyse critique du documentaire

Le réalisateur Christophe Rosanvallon, originaire de Gap, a réalisé de nombreux documentaires, films institutionnels et reportages TV sur Gap[i]. Le documentaire « Gérer l’eau pour prévoir demain : l’ASA du canal de Gap » présente une vue d'ensemble avec des interviews de différents acteurs de la communauté de Gap.

Le documentaire montre que l’eau du canal est utilisée par les agriculteurs du 1 mars au 1 novembre, mais deux périodes d’étiages sont mentionnées, une en été une autre en hiver. La deuxième période d’étiage en hiver semble poser moins de problèmes de gestion : les bêtes sont dans les bâtiments agricoles et les besoins des cultures sont plus faibles, encore que les besoins pour l’abreuvement, même dans les bâtiments, ou les cultures sous abris et les dispositifs anti-gel ne soient pas négligeables. Le stockage de l’eau du canal de Gap en hiver est utilisé pour des usages domestiques. Les installations hydrauliques sont en marche, au ralenti, mais ne doivent pas être arrêtées pour des raisons de bon fonctionnement.

De nombreux agriculteurs prennent la parole dans le reportage, l’ASA étant indispensable pour eux, mais celle-ci dessert également 15 communes et la ville de Gap. L’utilisation domestique de l’eau est peu abordée alors qu’elle est utilisée par 40 000 habitants, et l'on ne sait pas quelle est sa part dans le revenu de l'ASA iii. L’eau est pure et de qualité A1 c’est-à-dire qu’elle nécessite seulement d’un traitement physique simple et de désinfection iv. L’aspect agricole semble davantage mis en avant dans le reportage dans un but de promotion des installations auprès des structures partenaires et afin de présenter les travaux réalisés et futurs.

Sur le canal de Gap un tour d’eau permet de répartir la ressource pour l’irrigation des terres agricoles. Ce fonctionnement ne donne pas une entière satisfaction et on observe des ruptures régulières d’approvisionnement. Vincent de Truchis, directeur du canal de Gap fait part d’un projet qui permettrait d’augmenter le stockage par l’agrandissement d’un réservoir. Le projet serait de relier le réservoir de Marnes à celui de la Garde. Tous les habitants de Gap seraient alors reliés au réservoir de Marnes ce qui résoudrait le problème du tour d’eau.  Le projet n’a pas encore abouti mais les études techniques ont été faites et une déclaration d’intérêt public de l’ouvrage a été déposéev. En 2014 un rapport de travaux publics a permis l’amélioration et la restauration du barrage de Ricous, où se situe la prise d’eau du canal. Il s'agit d'une opération typique de restauration écologique vi, permettant de renforcer la protection de la faune piscicole.

L’ASA regroupe de nos jours 6 réservoirs dont 3 irriguent des cultures fourragères, de l’arboriculture, du maïs fourragé et des céréales vii. Le maïs et l’arboriculture ainsi que certains fourrages ont un besoin en eau conséquent. Ces cultures sont viables grâce au canal mais il serait intéressant d’identifier les productions possibles en fonction de l’eau disponible et des prévisions climatiques du piémont alpin. On assiste dans de nombreuses régions françaises à des ré-orientations de production et de filières, mais cette thématique n’est pas abordée dans le documentaire alors qu'elle est aujourd’hui au cœur des débats.

Le documentaire est une promotion de l’ASA, de son dynamisme en termes de stockage, d’économies d’eau et de gestion raisonnée de la ressource. De ce fait il élude les conflits qui l’opposent à d’autres organisations, notamment la CLEDA (la commission en charge de l'eau du Champsaur), dont l’eau est détournée par le canal de Gap. Actuellement, le canal de Gap est soumis à de périodes de sécheresse intense et à un déficit de précipitations. De ce fait l’approvisionnement du canal est remis en question et est sujet à de nombreux débats entre les institutions de gestion, comme le montre un article de Dauphiné de 2017 viii. La gestion de l’eau sur le territoire Gapençais est un sujet d’actualité, comme l'illustre la récente campagne pour les élections municipales de 2020 à l’occasion de laquelle un candidat a mis au cœur de son programme la gestion de l’eau du canal de Gap et des projets de collaboration avec l’ASA ix.

(Contributions de Manon Chatelier et Diana Medina)

 

[i]https://viadeo.journaldunet.com/p/christophe-rosanvallon-4979642

ii www.mon-jardin-potager.com/guide-pratique/culture-mais/

iii www.canaldegap.fr/histoire/historique-du-Canal-de-gap/introduction.html

iv www.synteau.com/wp-content/uploads/2011/09/20161108_SYNTEAU_FICHES_EAU-POTABLE_N1.pdf

v www.canaldegap.fr/infrastructures-hydrauliques/ouvrages-hydrauliques-structurants/les-reservoirs-de-stockage/reserve-de-la-garde.html

vi www.tpbm-presse.com/le-barrage-sur-le-drac-des-ricous-mis-en-conformite-897.html

vii www.canaldegap.fr/infrastructures-hydrauliques/ouvrages-hydrauliques-structurants/les-reservoirs-de-stockage/reserve-du-forest-de-gay.html

viii www.ledauphine.com/environnement/2017/11/14/drac-un-pompage-souterrain-depuis-hier

ix https://www.gap2020.fr/nos-actualites/eau-de-gap-diversification-de-la-ressource-et-municipalisation-de-la-gestion-il-y

 

 

Additional Info

  • Director: Christophe ROSANVALLON | Gilles CHARENSOL
  • Producer: CIM
  • Language: French
  • Year: 2011
  • Duration (min): 29
  • Theme: Irrigation & agricultural water management, Climate change, Water governance, Water allocation, Rivers, Water and community
  • Access: Free
  • Country: France
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 4
  • Academic quality: 2.5
  • Social interest: 3.5