Barrages, canaux, les maîtres de l’eau

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Synopsis/contenu du film

Ce documentaire cherche à donner un aperçu chronologique des grandes réalisations mondiales de l’ingénierie hydraulique en suivant l’enquête de Frédéric Restagno, chercheur au CNRS. Ce dernier, en visitant les plus imposants ouvrages de la planète, essaye de nous faire comprendre leur histoire et par quels moyens ils ont été construits. Ce sont ainsi différents types d’infrastructures, construites du XIXème siècle à nos jours, que le spectateur est appelé à visiter au travers d’images inédites et d’anecdotes historiques.

La première thématique abordée est celle du canal de Corinthe en Grèce constituant une voie fluviale entre la mer Ionienne et la mer Égée, évitant de facto le contournement du Péloponnèse. Le chercheur se rend ensuite au cœur de la capitale de l’Hexagone pour étudier les différents canaux qui s’y trouvent, avec particulièrement celui de Saint-Martin construit pour alimenter la ville en eau et faciliter le transport. C’est dans la même optique de fret fluvial qu’ont été réalisés les magistraux canaux de Suez et du Panama, présentés parallèlement à l’instigateur de ces projets : le célèbre et controversé diplomate français Ferdinand de Lesseps. Puis le voyage continue en Vénétie ou la Sérénissime doit faire face aux caprices de la mer Tyrrhénienne que le changement climatique n’a de cesse d’aggraver. Restagno nous emmène ensuite dans les célèbres polder néerlandais, gigantesques étendues agricoles artificiellement gagnées sur la mer et protégées par des chefs d’œuvre d’ingénierie hydraulique, dont le pays s’est fait le spécialiste mondial. Pour finir est abordée la thématique des grands ouvrages hydroélectriques avec la grande figure du domaine que constitue André Coyne, ingénieur français ayant conçu des dizaines de barrages dans le monde, dont le tristement célèbre de Malpasset. Le narrateur se rend finalement à la frontière du Brésil et du Paraguay pour visiter le barrage binational d’Itaipu, développant une puissance astronomique équivalente à 14 réacteurs nucléaires.

Analyse critique

Ce film est issu de la série de documentaires Science Grand Format diffusée sur France 5. Il a été produit par 2P2L, une société de production parisienne, en collaboration avec France 5 pour être diffusé en 2019. Destiné au grand public, il a pour but de donner un aperçu des plus grands ouvrages hydrauliques de la planète, sans prétention scientifique particulière. Il s’agit donc de vulgarisation, une forme d’initiation au domaine de l’ingénierie hydraulique, qui se veut à la fois simple mais également spectaculaire dans le choix des thématiques abordées. Un objectif affiché est d’impressionner le téléspectateur en lui faisant visiter de grands ouvrages, mais de manière assez rapide et sans entrer dans les détails. Ainsi en 1h30 de documentaire ce sont une dizaine de projets qui sont abordés, le but n’étant pas de traiter le sujet en profondeur, mais d’en donner un panorama (non exhaustif).

Chaque infrastructure étudiée fait l’objet d’une description historique (notamment la construction) et fonctionnelle. Il n’existe pas forcément de cohérence de traitement entre les différents sujets ce qui fait que les thématiques abordées sont assez variées et intéressantes. La prise de recul et le regard critique pointent parfois mais restent discrets. Il eut par exemple été judicieux de mettre en perspective l’intérêt et la finalité de ces ouvrages dans un contexte de changement climatique et de prise de conscience environnementale. Par exemple :

  • en remettant en question la volonté du Panama de développer de nouvelles infrastructures sur le canal afin de soutenir une mondialisation toujours plus intense,
  • en évoquant les problématiques de continuités biologique et sédimentaires induites par les barrages ou les importants coûts environnementaux de ces chantiers pharaoniques,
  • les problématiques liées aux canal interocéaniques avec des enjeux sur la salinité/température de l’eau ou les transferts de biodiversité (dont espèces invasives) entre milieux,
  • le fait qu’à Venise le phénomène de l’Acqua Alta soit amplifié par la construction de zones industrielles/de canaux pour pétroliers/de ponts ferroviaires/de digues/d’îles artificielles ou par l’intense exploitation des aquifères provoquant de la subsidence.

En effet il s’avère que l’ingénierie hydraulique est souvent au service d’un système qui induit de graves conséquences pour la planète. Cela interroge sur le positionnement et le recul que doivent prendre l’ingénieur ou le chercheur, et nécessite d’aller plus loin que le simple émerveillement parfois naïf voire béat dont fait preuve M. Restagno dans sa découverte de ces grandes infrastructures. Une ouverture aurait pu consister à évoquer de quelle manière l’ingénierie hydraulique est en mesure d’évoluer avec les enjeux de son temps et de se mettre au service de l’environnement, et non d’un système dépassé.

(avec des contributions de Xavier Dutheil)

 

Additional Info

  • Director: Marina Boyenval
  • Producer: Jerôme Caza
  • Language: French
  • Year: 2018
  • Duration (min): 89
  • Theme: Dams, Hydraulic mission
  • Access: Free
  • Country: Global
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 3.5
  • Academic quality: 2
  • Social interest: 3.5