Synopsis/contenu du film

« Si nous aimons les saumons sauvages, nous devons agir sans plus tarder. Une vie sans Nature et sans ces grandes espèces emblématiques, c’est une vie appauvrie. Si nous perdons toutes les espèces sauvages, nous nous perdons nous-mêmes » Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia.

Les Etats-Unis ont sur leur territoire un nombre important de barrages qui bloquent le passage de certaines espèces, notamment les saumons qui reviennent pondre dans les rivières. On estime en 1970 que 40% des saumons ont disparu dans leur aire de répartition historique. Depuis sa naissance dans les rivières, son évolution dans les estuaires et dans la mer jusqu’à son âge adulte où il cherchera à remonter à contrecourant les mêmes rivières qui l’ont vu naitre pour y pondre et y mourir, le saumon est au cœur de nombreux écosystèmes qu’il traverse tout au long de sa vie. On estime qu’environ 138 vertébrés mangent du saumon et, à sa mort, il est une source d’oligoéléments puisés par les racines des arbres poussant au bord des rivières.

La disparition du saumon sauvage pourrait avoir d’importantes conséquences économiques, sociales et écologiques. Des biologistes, des pêcheurs, divers spécialistes du saumon et de leur environnement interviennent dans ce documentaire pour alerter sur l’impact de l’Homme sur le cycle de vie du saumon, exposant les alternatives mises en place pour sauvegarder l’espèce.

Les Etats-Unis ont décidé de répondre à ce problème par la technique en créant de nombreuses écloseries afin d’augmenter théoriquement le nombre de poissons dans les rivières. Environ 90% des saumons pêchés sont issus des écloseries. Cependant plusieurs intervenants expliquent que ce n’est pas la solution. Les poissons d’élevage ne sont pas aussi résistants que les poissons sauvages. Ils sont généralement plus petits, leur croisement avec le génome autochtone fragilise ce dernier. Le documentaire montre que dans les rivières alimentées par les écloseries la population de saumons diminue. A contrario les rivières laissées à l’état sauvage retrouvent rapidement une population de saumons endémiques plus élevée. Les activités liées à la pêche et les communautés vivant de cette activité sont impactées. Les administrations locales continuent à financer les écloseries car celles-ci correspondent à une forte demande des électeurs. Il y a donc également des enjeux économique et politique majeurs autour de la préservation du saumon.

En Norvège d’autres méthodes ont été mises en place pour principalement tenter de produire du saumon de manière quasi-industrielle avec des fermes d’élevages en mer. Un procédé qui n’est pas sans risque pour l’environnement car les poissons qui y sont produits sont souvent porteurs de maladies et sont difformes. Une loi de 2018 de l’Etat de Washington a décrété l’arrêt de tous les élevages en mer en 2022.

Quelle est donc la bonne méthode pour la sauvegarde du saumon ? Ce documentaire apporte des éléments de réponse et se conclut par le fait qu’indépendamment des efforts que feront les Hommes, ou de leur technologie, la seule méthode qui permettrait de préserver cette espèce serait de réouvrir les barrages et laisser faire le cycle naturel des choses. Mettant en images de nombreuses contradictions sociétales, Patagonia à travers ce documentaire nous invite à agir ensemble pour la protection du saumon sauvage.

Analyse critique

Ce film est issu d’une série d’initiatives environnementales lancées par Patagonia, une marque de vêtement écologique activiste en faveur de l’environnement. Il est réalisé par Josh Murphy à la demande d’Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia.

Ce documentaire est structuré de manière à présenter les faits et non pas à les dénoncer, il cherche à montrer l’impact négatif de l’homme sur son environnement en l’illustrant par la problématique du saumon. Ce film n’est pas qu’un film sur la préservation des poissons car il montre que l’Homme, avec toutes les technologies qu’il a entre les mains, ne parviendra pas à préserver l’environnement et ses ressources en continuant dans ce modèle économique de surconsommation.

Pour exposer les faits et exploiter l’ensemble des informations qui tournent autour de la problématique de la disparition du saumon de nombreux interlocuteurs interviennent. La parole est donnée à des scientifiques, des activistes locaux, des salariées d’écloseries, des populations souffrant de cette situation mais également des économistes. Tous ces acteurs semblent s'accorder sur le fait que l’Homme est à l’origine de la problématique.

Les écloseries apparaissaient comme une solution simple pour un problème environnementale complexe. Créant de l’emploi et permettant de maintenir les activités économiques liées aux saumons, les politiques en ont profité pour récupérer des électeurs en promettant toujours plus de poissons dans les rivières. Il est important de savoir que les écloseries sont financées par les impôts. Dans l’écloserie de Leavenworth entre 1988 et 1994 la production d’un saumon juvénile coutait en moyenne 0.33$, sachant que pendant cette période de 7 ans environ 2 652 000 saumons ont été relâchés par an soit 875 000$ dépensés par an.

Le saumon est un symbole c’est pour cela qu’il est aussi mis sur le devant de la scène pour ces problématiques. Cependant la France reproduit les mêmes erreurs que les Etats-Unis en matière de gestion piscicole. Géré de manière régionale certaines fédération et association de pêche n’hésitent pas à lâcher de grandes quantités de poissons pour faire plaisir au pécheur, avec le même principe de pisciculture payée par nos impôts.

Des solutions ont été apportées mais n’engendrent que des réactions en chaine négatives ne permettant pas de préserver le saumon sauvage. Une issue à ce problème serait de restaurer nos rivières et de réduire notre consommation de poisson.

La Nature se débrouille très bien sans notre intervention ; c’est le constat qui a été fait dans la rivière Toutlet dans l’Etat de Washington. Après l’éruption volcanique du Mount St Helens en 1981 l’écosystème le long du bassin versant de cette rivière s’est retrouvé complètement détruit et les saumons ont alors disparu. Cette rivière était empoissonnée par des écloseries avant l’éruption. A la suite de celle-ci le milieu s’est régénéré et en 5 ans la population de saumons est redevenue ce qu’elle était, alors qu'au bout de 7 ans elle avait doublé. Suite de cette période de prospérité les écloseries ont repris le travaille et depuis la population de saumon a chuté.

Plusieurs autres facteurs impactant le saumon ne sont pas mentionnés dans le documentaire, telle que la pollution d’origine entropique. Les rivières sont de plus en plus en proie à de nombreuses pollutions qui impactent le cycle de vie du saumon. Allons-nous subir les conséquences de ces gestions inadaptées ou allons-nous réussir enfin à adopter des mesures de gestion saines en adéquation avec le milieu aquatique?

En 2021, des grands travaux doivent être menés pour remettre en état la rivière Klamath avec la destruction de 4 barrages. Ces barrages sont vieux et leur restauration n’est pas économiquement viable. La décision à pris 10 ans mais s’est finalement conclu par un démantèlement programmé de ces quatre barrages.

(Avec des contributions de Adrien Catin et de Hugo Calme)

Bibliographie

Patagonia. 2020. Artifishal.

[16/11/2020]. https://eu.patagonia.com/fr/fr/stories/artifishal/video-79192.html

Native fish society. 2020. Hatcheries.

[16/11/2020]. https://nativefishsociety.org/science/hatcheries

Wild fish Conservancy. 2020. Scientific Evidence on Adverse Effects of Steelhead Hatcheries.

[16/11/2020]. http://wildfishconservancy.org/wild-steelhead/scientific-evidence-on-adverse-effects-of-steelhead-hatcheries

Wild fish Conservancy. 2014. The Effects of Hatchery Production on Wild Salmon and Trout.

[16/11/2020]. http://wildfishconservancy.org/what-we-do/advocacy/steelhead-hatchery-reform/the-effects-of-hatchery-production-on-wild-salmon-and-trout

Native Fish Society. 2013. Review of Hatchery and Wild Salmonid Literature.

[16/11/2020]. http://wildfishconservancy.org/resources/sciencelibrary/HatcheryImpactonWildSalmonidsBakke.pdf