Dessine-moi une rivière

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Synopsis/contenu du film

Ce reportage porte sur le chantier de renaturation de l’Aire, une rivière située dans la campagne Genevoise Suisse. L’artificialisation de l’Aire à la fin du XIXème siècle avait entraîné la disparition d’une grande partie de la faune et de la flore, des interdictions de pêche et de baignade, ainsi que des inondations récurrentes. En 2002, le canton Genevois a donc lancé un appel d’offre en vue de revitaliser l’Aire et de recréer une rivière 'naturelle'. Ce film documentaire retrace la restauration de cette rivière à partir de 2002 et est découpé en cinq séquences qui correspondent aux cinq étapes du chantier :

  • Restauration (méandre) : cette première partie explique comment le chantier a cherché à reconstruire les méandres de la rivière en favorisant le retour de la biodiversité.
  • Régulation (digue) : la seconde partie est centrée sur la création d’une digue permettant d’assurer la protection de Genève contre les crues centennales.
  • Sédimentation (fosse) : la troisième partie aborde la création d’une fosse de sédimentation. Le reportage nous fait rentrer dans plusieurs débats entre ingénieurs hydrauliciens et paysagistes qui ont l’obligation de s’entendre car les contraintes sont autant hydrauliques que techniques.
  • Percolation (nouvelle rivière) : cette quatrième partie présente une innovation technique permettant à la rivière de retrouver plus rapidement un lit « naturel » : il s’agit d’un damier grandeur nature sur une section de plusieurs centaines de mètres. Ce damier permet à la rivière de se redessiner elle-même en percolant à travers ces structures qui lui servent de guide.
  • Observation (jardins) : Enfin une dernière partie décrit la volonté de l’architecte principal de créer des jardins aux alentours de ce cours d’eau renaturé pour donner envie aux habitants de venir s’y promener et de prendre le temps de le contempler.

Tout au long du film, le spectateur est guidé par l’architecte Georges Descombes qui décrit ses ambitions vis-à-vis de ce projet d’un point de vue à la fois poétique et architectural. Esthétiquement, le film reflète cette atmosphère créative par l’utilisation d’images en noir et blanc pour séparer les séquences, des gros plans sur les dessins de l’architecte, des plans vus du ciel, et une bande son choisie. A chacune des étapes du projet l’architecte illustre par des croquis les raisonnements et les techniques mis en œuvre par « Superposition », le collectif d’ingénieurs en charge du chantier. Le documentaire est ponctué par des rencontres entre l’architecte et divers acteurs participant au chantier. Une interview d’agriculteurs dont les terres sont situées en plein cœur du chantier complète cette vision architecturale par un récit sur la manière dont ce couple d’habitants a vécu les changements engendrés par la canalisation de l’Aire, puis par sa renaturation, et sur les impacts sur leurs vies et leurs productions.

Analyse critique

La réalisation de ce documentaire (entre 2013 et 2016) a été soutenue financièrement par le groupement « Superposition », collectif d’ingénieurs en charge du chantier, par l’Etat de Genève et par la Fondation Ernst Göhner. Cette fondation soutient des projets dans les domaines de la culture, de l’environnement, des œuvres sociales, de la science et de la formation et détient également des participations dans diverses entreprises. Le film se présente donc un peu comme une double vitrine : vitrine des travaux de l’architecte et du groupe Superposition d’une part, et vitrine de la campagne Genevoise de renaturation des cours d’eau d’autre part.

Le projet de renaturation de l’Aire présenté dans le film a débuté en 2002. Il fait donc partie des premiers projets de renaturation mis en place dans le cadre du programme de renaturation lancé par le canton de Genève en 1998, et concordant plus tard avec la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (2000). Le projet de renaturation de l’Aire a d’ailleurs reçu le prix du paysage du conseil de l’Europe en 2019 (bafu.admin.ch) parmi six projets dont 3 concernaient la valorisation d’espaces verts.

Le tempo lent et l’atmosphère artistique du film le destinent a priori plutôt au grand public, en donnant le sentiment que les images, agrémentées de musiques apaisantes, cherchent à amener le spectateur à une forme de contemplation. En parallèle, les dynamiques hydrologiques ainsi que les choix architecturaux sont expliqués de manière pédagogique, les rendant facilement compréhensibles par le néophyte, mais l’amenant à se demander s’ils ne dissimulent pas une forme de justification technique. De fait, le documentaire ne mentionne quasiment jamais les alternatives techniques possibles aux aménagements réalisés. Pour des gestionnaires de l’eau ou des personnes ayant des connaissances plus développées sur la restauration des cours d’eau, le principal intérêt du film réside donc dans la description de l’innovation technique choisie (damier en losange évoqué ci-dessus). Néanmoins le film ne fournit pas les éléments suffisants pour juger de la réussite de cette innovation quant à l’atteinte de ses objectifs.

En effet, hormis le point de vue du couple d’agriculteurs, le documentaire n’inclue le point de vue de quasiment aucun autre acteur externe aux travaux : les scientifiques ou la population ne sont que très peu représentés. Ainsi, aucun aspect scientifique concernant l’état de la rivière avant ou après les travaux n’est mentionné dans le documentaire.

Enfin, malgré l’envergure du chantier, le coût des travaux est complètement occulté, comme pour conserver la magie du projet. D’après le site de l’Association pour la sauvegarde de Confignon et environs (asconfignon.ch), le montant des travaux s’élèverait à 70 millions de Francs suisses pour un tronçon de 4 km de longueur... Toujours d’après ce site, ce montant a été financé par la création d’un fond cantonal pour la renaturation des cours d’eau.

La quatrième étape du chantier, portant sur la valorisation de l’Aire depuis le village de Certoux jusqu’à la frontière française, était toujours en cours au moment de la rédaction de cette fiche, son achèvement étant planifié pour 2022.

 

(Avec des contributions de Pierre Neris et William Payet)

 

Pour aller plus loin

Office fédérale de l’environnement OFEV : https://www.bafu.admin.ch/bafu/de/home.html

Tribune de Genève : https://www.tdg.ch/cri-dalarme-pour-laire-menacee-par-la-pollution-et-les-incivilites-395602365255

Site de la république et Canton de Genève : https://www.ge.ch/actualite/projet-renaturation-aire-laureat-du-prix-du-paysage-du-conseil-europe-15-10-2019

Site de l’Association pour la sauvegarde de Confignon et environs : https://www.asconfignon.ch/

 

Additional Info

  • Director: Michel Favre
  • Producer: Tradam (CH), Casa Millagrosa (Brésil)
  • Language: English
  • Subtitles: English, Portuguese
  • Year: 2017
  • Duration (min): 32
  • Theme: Environmental degradation, Water governance, Rivers, Wetlands
  • Access: Commercial
  • Country: Switzerland
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 4
  • Academic quality: 2
  • Social interest: 4.5