Baobabs, réservoirs de vie à Madagascar

H2wOe

Synopsis/contenu du film

Madagascar présente une diversité de climats importante. En effet si la côte-est présente un climat favorable à la vie et la culture agricole, au sud de l'île le climat est aride et la gestion de l'eau est un enjeu majeur. Cette problématique est un combat de chaque instant pour les locaux. Manque de nourriture, manque d'eau et manque d'hygiène, c'est le quotidien de ces habitants, mais ils ne manquent pas d'ingéniosité pour pallier à ce problème.

Le plateau Mahafaly est une étendue calcaire au sud-ouest qui abrite vingt mille habitants appartenant à l’ethnie Mahafaly. La pluviométrie annuelle avoisine les 300 mm et la zone n'offre ni eau de surface, ni lac permanent, ni rivière. Dans les années 1950 une sécheresse plus conséquente que les autres a sévi dans la région, entrainant une famine et un taux de mortalité important.

Les habitants ont dû redoubler d'ingéniosité pour que atténuer le problème posé par l’alimentation en eau potable. De nombreux baobabs poussent dans cette zone et certains peuvent atteindre 7 m de large avec un tronc composé de 80% d'eau. L'idée est de les utiliser comme réservoirs. Ils sont donc creusés et remplis d'eau manuellement à la saison des pluies. Les baobabs sont vénérés et respectés, vus comme la richesse des habitants.

En dehors de l’aspect social de cette innovation, le sujet est également intéressant pour les scientifiques, fascinés par la facilité d’adaptation de cette espèce pouvant se régénérer.

Malgré tous ces efforts, le manque d'eau s'accroît avec le changement climatique ainsi que l’explosion démographique. Les villageois continuent leurs efforts pour ne pas avoir à quitter la terre de leurs ancêtres.

Critique

Le présent reportage a été entrepris afin de mettre en lumière les conditions précaires des habitants de Mahafaly vis-à-vis de l’accès à une eau de qualité avec quantité suffisante. Stéphane Cordurant du Cirad a réalisé ce reportage qui porte sur la situation hydrique et son impact socio-économique et culturel dans une localité du plateau de Mahalafy. Ce reportage a été financé par le projet FSO PARRUR, en collaboration avec le CIRAD en vue de promouvoir la coopération Franco-Malgache.

Le reportage présente les problématiques du peuple Mahafaly à subvenir à leurs besoins en eau. En effet, la pluviométrie locale est en baisse, l’une des conséquences du changement climatique qui s’opère à l’échelle planétaire. Par conséquent, les habitants ont des problèmes liés à l’approvisionnement en eau de quantité et de qualité qui se traduisent par des problèmes d’ordres nutritionnelles, d’ordre sanitaire et voire même d’ordre socio-culturel. Il a été évoqué qu’il y a quelque année, certains des habitants autochtones sont partis en raison de la pluviométrie très faible. Tandis que d’autres ont choisis de rester en cherchant des techniques afin de valoriser le peu d’eau accessible. Et c’est grâce au baobab que cela fut possible.

Dans ce reportage, on constate que le baobab est un arbre sacré pour les peuples, et ce bien avant qu’il ne sauve des vies. Il a été longuement considéré comme un bois sacré et un symbole identitaire de la région, bien que le peuple ignore qu'il est une espèce rare dont 6 des 8 espèces existant dans le monde sont endémiques à Madagascar. La découverte fortuite de la capacité du baobab à stocker de l’eau pendant une longue durée tout en conservant sa qualité a renforcé l’attachement du peuple de Mahafaly à cet arbre. C'est en partie grâce à cet arbres que les habitants ont pu continuer à vivre dans cet endroit désert, limitant ainsi l’exode rural. Le film évoque également en passant les aspects  sociaux du baobab-citerne, en termes de propriété et de vols.

Au-delà de l’aspect insolite de cette innovation, le spectateur peut se demander si vraiment aucune autre source d’eau que les quelques mètres cube stockés dans les arbres n'est accessible. On peine à croire qu'à l’instar d’autres zones arides le plateau Mahafaly n'ait pas fait l’objet de projets de forages communautaires, de petits réservoirs ou autres infrastructures de collecte des eaux de pluie ou de ruissellement. Les actions menées soit par l’Etat Malgache soit par des ONGs ou organismes étrangers, comme l’initiative du WWF qui a construit un forage afin que les villageois puissent accéder à de l’eau en quantité et qualité adéquates, ne sont pas mentionnées. Des projets comme ceux du GRET ou du GRAP qui ont significativement amélioré les conditions des habitants sur le plan de l’eau et de l’agriculture auraient pu figurer dans ce reportage.

En conclusion, ce documentaire est intéressant de par le côté innovant et insolite de la solution de stockage trouvée par les habitants. Il montre l’importance culturelle du baobab et son rôle plus récent dans la résilience des sociétés locales à la sècheresse. Toutefois, cette pratique n’est pas une solution viable et suffisante à moyen et long terme, d’où l’importance de la prise de conscience de l’Etat Malgache afin d’accélérer le développement du monde rural, notamment celui du plateau de Mahalafy qui se retrouve dans une situation particulièrement difficile.

(Avec la contribution de Milancha Babity et Rachel Renaut)

 

Bibliographie

https://www.avsf.org/public/posts/704/perceptions-et-strategies-d-adaptation-paysannes-face-aux-changements-climatiques-a-madagascar.pdf

https://www.youtube.com/watch?v=wz5q27u_-n8&ab_channel=WWFMadagascar

https://www.gret.org/projet/acces-a-leau-sur-le-plateau-mahafaly-madagacar/#:~:text=Le%20projet%20Acc%C3%A8s%20Eau%20vise,particulier%20l'eau%20de%20boisson.

https://idl-bnc-idrc.dspacedirect.org/bitstream/handle/10625/54324/IDL-54324.pdf

 

Additional Info

  • Director: Stéphane Corduant
  • Producer: Mada-movie
  • Language: French
  • Year: 2015
  • Duration (min): 28
  • Theme: Water supply, Water scarcity, Drought, Water and community
  • Access: Commercial
  • Country: Madagascar
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 2
  • Academic quality: 3
  • Social interest: 4