L'agroécologie dans l'oasis de Chenini : Préserver ensemble

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Synopsis/contenu du film

Le film « L’agroécologie dans l’oasis de Chenini : Préserver ensemble » présente le travail réalisé conjointement par la communauté et des professionnels dans l'oasis de Chenini dans le domaine de l’agroécologie. L’oasis de Chenini est localisé à Gabès, la deuxième plus grande ville du sud de la Tunisie, située sur la côte méditerranéenne. Cette dernière a connu un développement industriel important depuis les années 70, ce qui a provoqué des problèmes environnementaux tels que des pollutions ou pénuries d’eau, mais également une régression des activités agricoles, liée au morcellement des terres et à l'abandon des activités agricoles par les jeunes générations. Ce film met en lumière les efforts déployés par les habitants pour restaurer leurs terres agricoles et montre leurs stratégies pour faire face aux défis et difficultés que l'oasis rencontre dans l'adoption de pratiques agroécologiques.

Le film comprend des d’entretiens auprès d’acteurs d’associations (ASOC), de groupements d’agriculteurs (le GDA), d’agriculteurs et d’étudiants qui ont développé des projets de restauration et de tourisme, sous ce même idéal. L'agroécologie est l'axe des efforts, décrits comme un ensemble de techniques et pratiques employées afin de promouvoir « un retour à la terre de ce qui est venu de la terre », avec des agrosystèmes de production naturels et respectueux de l'environnement. L'agriculture dans l'oasis est basée sur 3 étages cultivées, le palmier dattier, les arbres fruitiers et la culture maraichère. Une des actions mises en valeur est la fabrication et l’utilisation de compost. D’autres activités telles que la valorisation et l’échange de connaissances et des pratiques traditionnelles locales, l’expérimentation paysanne, la préservation des semences et l’économie solidaire via des projets d’écotourisme sont également décrites.

L'oasis de Chenini reflète certains problèmes du monde agricole au niveau planétaire, comme l’utilisation abusive de composés chimiques tels que les pesticides, l'accès limité à l'eau et les méthodes d'irrigation. Des efforts y sont pratiqués mais la communauté demande une protection plus stricte de l’environnement à l’État. Ce film documentaire souligne l'alliance entre les cadres professionnels, scientifiques et paysans, afin de comprendre les besoins, d’acquérir les connaissances, et mettre en œuvre des stratégies pluridisciplinaires agroécologiques. Ce film permet à l'observateur d'analyser et de comprendre l'importance de l'action, en citant Pierre Rabhi : « Il ne faut pas croire qu'il peut y avoir un changement de la société sans qu'il y ait un changement humain ».

Analyse critique

Echovia film autoproduit ce documentaire dans le but d’illustrer et d’expliquer les différents projets entrepris. Pour cela, il s’appuie sur les témoignages des agriculteurs et de leurs proches (femmes, enfants et des membres de plusieurs associations de la région), avec la volonté de laisser les différents acteurs de la population oasienne s’exprimer. Notons que la voix de certains acteurs manquent, comme les scientifiques, touristes, ou personnels administratifs). Le documentaire n’est donc probablement pas parfaitement objectif, puisque le demandeur est également le bénéficiaire. Datant de 2020, il est tout à fait d’actualité et met en avant le travail expérimental et empirique de la population locale. Les moyens de productions sont à échelle humaine, une caméra, un micro, des plans simples, mais de bonne qualité (bonne résolution). On aurait apprécié des plans aériens pour mieux percevoir l’étendue de l’oasis mais cela aurait pu contraster avec la volonté du film de rapprocher le spectateur des populations de l’Oasis.

Les techniques et méthodes d’agroécologie présentées proviennent principalement du savoir transmis et des observations de plusieurs générations. Certaines des méthodes, comme le compostage ont tout de même leur effectivité démontrée dans la littérature. Il est expliqué qu’il permet d’augmenter la matière organique du sol, diminuer le lessivage des éléments, tout en apportant des nutriments (F. Ulm et al. 2019). D’autres méthodes, comme le choix des différentes variétés de plantes selon les conditions pédoclimatiques locales, découlent d’une connaissance du terrain et ne peuvent être vérifiées dans la littérature. Ce film s’efforce tout de même de détailler la plupart des méthodes utilisées sur les parcelles (méthodes d’irrigations, choix des espèces cultivées, expérimentations …).

Ces techniques agroécologiques ont pour but de répondre à une demande de changement. En effet, cette zone est impactée par une usine de traitements de phosphates qui s’approprie l’eau (leur point de vue n’est pas donné dans le film), entrainant des modifications de salinité du sol (surexploitation de la nappe), le tout exacerbé dans un contexte de réchauffement climatique. De plus, le morcellement des parcelles, suite aux héritages successifs, entraine l’abandon de certaines d’entre elles. Ces techniques agricoles aident à lutter contre le manque d’eau et la salinité, et semble à ce jour suffire pour satisfaire les besoins des populations. Le morcellement lui est dû à un délaissement des métiers agricole par les nouvelles générations. L’association met en place des formations et réalise des documentaires comme celui-ci dans le but d’attirer l’attention des spectateurs, et éventuellement de cette jeune population, pour mettre en avant l’intérêt d’entretenir ses parcelles, d’une manière traditionnelle mais malgré tout productives.

De nombreux autres régions d’Afrique font également appel à l’agroécologie pour faire face aux problèmes de famines et de réchauffement climatique, avec des méthodes empiriques transmises de génération en génération, comme l’illustrent Mousseau et al. (2015), dans le même but de préserver un environnement sain grâce à une agriculture durable.

(Contributions de Katherin Garzon et Adrien Piguet)

 

Références

Expertise France. 2014. GABES, gouvernance environnementale. Projet d’appui à la Gouvernance Environnementale de l’activité industrielle à Gabès. www.expertisefrance.fr/documents/20182/245511/Brochure+PGE+Gab%C3%A8s+% 28en+fran%C3%A7ais%29/859d8884-7c09-4c15-9411-47866519bb75

Ayeb, H. (réalisateur). 2014. « Gabès Labess » - Tout va bien à Gabès. 5/5 Productions, Les Productions de l’Amaru. Disponible sur : http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/40475_1

Ulm, F. et al. 2019. Sustainable urban agriculture using compost and an open-pollinated maize variety - Journal of Cleaner Production, Vol.212, pp.622-629.

Mousseau, F. et al. 2015. The Untold Success Story of Agroecology in Africa - Development, Vol.58(2-3), pp.341-345.

 

Additional Info

  • Director: Sonia Ben Messaoud, laetitia Martin
  • Producer: Echo'Via Films
  • Language: French
  • Subtitles: French
  • Year: 2018
  • Duration (min): 37
  • Theme: Water supply, Water scarcity, Irrigation & agricultural water management, Groundwater, Drought, Water allocation, Water and community
  • Access: Free
  • Country: Tunisia
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 3.5
  • Academic quality: 2.5
  • Social interest: 4