Our planet | Freshwater

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Synopsis

From the Mekong to Brazil's pantanal, from Nebraska to lake Tanganyka, from Australia to Florida, this documentary illustrates the dependency of wildlife on freshwater. As we divertdam and pollute our streams many species find themselves constrained in their migration, reproduction, or feeding. The film is narrated by David Attenborough.

Comments

Although a few footages are recycled from earlier films, or are loosely related to water (e.g. the jaguar preying on an aligator in the Pantanal), the overall quality of the image is outstanding. This musing through wildlife and continents sensitizes the viewer to how our disturbance of the water cycle impacts aquatic ecosystems and animals in general.

The focus of the film, however, is clearly aesthetic: priority is given to emotions and to the image, the narrative remaining minimal and leaving the viewer in want of additional information to better understand the situation (or what happened next).

Will the next discussion among water specialists and activists be on 'Animal rights to water'?

A very pleasant documentary not to be missed.

 

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Le réalisateur Alastair Fothergill est un zoologue de formation, qui a travaillé 30 ans pour la BBC. Lors d’une interview pour ParisMatch, à l’occasion de la sortie de la série Netflix Notre planète, il déclare: “plus vous laissez la nature se régénérer, plus la planète arrive à survivre”. L’ambition éco-centrée du réalisateur avec cette série est de faire passer son message à travers les émotions d’émerveillement et de menace qui se fondent au sein du spectateur. Le changement climatique détruit la planète plus que jamais et il est donc tant de se battre pour la nature. Avec cette série, sortie en avril 2019, en collaboration avec Silverback Films et l’ONGI WWF, l’auteur nous montre la diversité du monde vivant tout en nous expliquant comment le défendre, car les activités humaines le menacent. Le 7ème épisode de la série, L’eau douce, nous présente divers paysages et espèces animales d’une beauté fascinante, renforçant le sentiment de potentielle perte et de culpabilité lié au réchauffement climatique présenté par des chiffres alarmants.

Résumé

Tout du long du documentaire, la musique produite par Steve Price ainsi que la voix off de David Attengorough (voix française : Jacques Frantz) nous plongent dans l’univers du documentaire et nous isolent du monde extérieur. Des lieux et des espèces aussi étrangers (pour les occidentaux) qu’emblématiques, provoquent l’émerveillement du spectateur. Afin d’illustrer la rareté de l’eau douce disponible sur terre, le documentaire nous montre le désert d’Australie et son lac Kati Thanda qui ne se remplit que lors des épisodes de mousson. Puis, les pélicans illustrent les migrations dues à cette mousson. Dès lors, afin de nous montrer l’interdépendance entre espèces animales, le documentaire utilise la chaîne alimentaire dont l’eau douce, sous toutes ses formes (lacs, rivières, nappes phréatiques, calottes glaciaires), est le fil conducteur. Cette chaîne trophique est aussi mise en évidence par les barrages construits qui empêchent les saumons du pacifique de remonter les rivières. Les lamantins de Floride qui n’arrivent plus à se nourrir, ainsi que les longues queues de Hongrie qui disparaissent, sont un autre exemple de cette rareté de l’eau douce, mise en évidence par l’eutrophisation des rivières. La quantité et la qualité de l’eau, indispensable pour tous les animaux, est donc menacée par l’Homme. Finalement, les exemples sont de plus en plus démonstratifs, car des images de pêcheurs menaçant la pérennité des poissons sur le lac Mékong d’Asie illustrent les dommages causés par l’Homme sur l’eau douce. Enfin, le documentaire conclut sur une note positive, en espérant une prise de conscience des spectateurs : “nous seuls avons le pouvoir de décider de quelle façon cette richesse doit être partagée”.

Analyse critique

Pour commencer, ce documentaire présente un point de vue zoologiste. C'est-à-dire que nous suivons seulement le point de vue des animaux en omettant celui des hommes et des végétaux. Cela n'a rien d'étonnant sachant que le réalisateur Alastair Fothergill a étudié cette discipline à l'université de Durha en Angleterre. Néanmoins, cette vision crée un éloignement entre le sujet du documentaire, l'eau douce et l'individu le visionnant. Aucun humain n’est interrogé, l'être humain n'apparaît qu'une seule fois sur des images montrant des pêcheurs. Il y a donc une déshumanisation du sujet alors même que la majeure partie du documentaire se focalise sur l'impact des activités humaines sur l'eau douce. Les plans réalisés à l’aide de drones et de satellites ainsi que la visualisation des profondeurs accentuent ce sentiment d'éloignement à travers la technique même qui est choisie. Ces images, bien que magnifiques d’un point de vue artistique, sont en opposition avec la notion d'espace vécu (Frémont, 1974). Il n'y a pas d'attachement. Le documentaire maintient donc une rupture entre l’homme et la nature. Cette vision anthropocentrique apparaît dès le début du documentaire : “dernières merveilles naturelles”. Nous sommes plus dans une approche journalistique que géographique. Ainsi, il aurait été intéressant d’introduire des notions de political ecology dans ce documentaire. En effet, pour la political ecology, les problèmes découlent d’une perte de relation entre l’homme et son environnement. C’est donc une vision inverse de celle proposée dans le documentaire. Amener des notions telles que le cycle hydrosocial, aurait permis de réintroduire l’homme en lien avec l’eau douce. Ainsi, donner une place à l’homme au sein de la nature aurait introduit un sentiment de proximité qui aurait servi le propos du documentaire. Comme dit plus haut, ce documentaire veut promulguer un sentiment de protection envers la planète, et donc d’exclusion des hommes sur celle-ci, ce qui rejoint l’éthique environnementale éco-centré du réalisateur. Or, plusieurs auteurs affirment aujourd’hui que la dichotomie “nature” / “culture” doit évoluer : la relation entre les hommes et la nature doit être un tout indissociable (Latour, 2017 ; Maniglier, 2021).

Ce documentaire est à destination du plus grand nombre, c'est un outil de vulgarisation. Grâce à une photographie exceptionnelle qui nous émerveille et nous charme, ce documentaire a une immense qualité artistique mise au profit de l’académie. En effet, en montrant au spectateur des images que l’on a peu l’habitude de voir dans notre environnement, celui-ci se sent transporté dans un autre univers et peut donc facilement regarder ce documentaire qui lui paraît accessible. Or, de par ses insinuations culpabilisantes, le documentaire angoisse le spectateur. Cet outil permet donc de sensibiliser un maximum de monde par sa simplicité technique et sa grandeur artistique. En revanche, il aurait été pertinent d'expliquer des termes scientifiques tels que la mousson, l'aridité ou d'expliquer ce qu'est un bassin versant. Par exemple, si on apprend que le lac Australien Kati Thanda a comme principal apport la pluie, on ne donne pas d’explication sur la raison de la salinité de ce lac. Ce manque d’explication permet au documentaire d’utiliser des chiffres assez larges pour faire peur au spectateur, sans chercher à nuancer son propos. Un spectateur peu documenté sur le sujet aura tendance à penser qu’il y a un manque d’eau car il ne pleut pas assez alors que les épisodes de mousson sont normaux dans un climat tropical. D’un point de vue géographique, une localisation cartographique de ce lac aurait été pertinente. Enfin, pour revenir sur le cadre pédagogique du documentaire, celui-ci utilise comme exemples des espèces connues de tous (les saumons, les ours, les crocodiles), ce qui permet d’intégrer encore plus le spectateur. Mais il montre aussi des espèces peu connues (les lamantins ou les éphémères à longue queue de Hongrie), ce qui permet une éducation du spectateur. Dans cette optique d’éducation, le discours de fin est très intéressant : « Nous prévoyons de telles quantités, nous pouvons sauver notre planète ». Il s’agit ici d’un discours qui est très répandu dans le domaine de l’environnement, celui de vouloir former des “éco- citoyens”, ayant une morale écologique dans une volonté d’action collective. Dans ce modèle, le problème complexe, ici celui de la pollution de l’eau douce, peut être résolu en s’élevant tous ensemble grâce à une prise de conscience. D’où l’utilisation du pronom “nous”. En reprenant Aspe et Jacqué dans leur étude “Environnement et société” (2012) ainsi que les critiques du sociologue Narcy, nous pouvons pointer du doigt que ce type de discours noie la responsabilité de ceux qui doivent agir et démoralise aussi les individus dans leurs actions même. Ce type de discours devient aliénant, au sens où il perd les spectateurs et les éloigne de leurs objectifs environnementaux. Il dépolitise aussi les questions économiques et sociales, en encourageant des raisonnements irréalistes. Ou au contraire décourage, car si tous doivent se lever pour changer les choses, il ne se passera jamais rien.

(contribution de Colombine Brun et Nina Puslecki, Université de Nanterre)

 

Bibliographie

ASPE Chantal, JACQUE Marie, Environnement et société, Éditions Quæ, « Natures sociales », 2012

LATOUR Bruno, Où atterrir ? : Comment s’orienter en politique, La Découverte, 2017

FREMONT Armand, “Recherches sur l’espace vécu”, L’espace géographique, 1974, p. 231- 238

MANIGLIER Patrice, Le philosophe, la Terre et le virus: Bruno Latour expliqué par l’actualité, Éditions Les Liens qui libèrent, 2021

Netflix : Sur le tournage de « Notre Planète », parismatch.com, 2019, Disponible à l’adresse: https://www.parismatch.com/Culture/Medias/Netflix-Sur-le-tournage-de-Notre-Planete- 1616970

Additional Info

  • Director: Mandi Stark
  • Producer: NETFLIX
  • Language: English
  • Year: 2019
  • Duration (min): 49
  • Theme: Environmental degradation, Water quality, pollution, Fisheries, Wetlands, Aquatic ecosystems
  • Access: Free
  • Country: Global
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 5
  • Academic quality: 2.5
  • Social interest: 3.5