Inondations géantes

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Synopsis/contenu du film

Le documentaire “Les inondations géantes” réalisé par Franck Gombert en 2019 se concentre sur les phénomènes d’inondation qui menacent le monde. Il étudie ces catastrophes naturelles dans de nombreux pays et montre que ce sont les plus fréquentes et les plus destructrices. On a recensé 700 inondations en 2017 et plus de 150,000 décès en 20 ans. Le reportage se focalise principalement sur les inondations causées par les pluies, mais également sur celles dues aux submersions marines, tels que les tsunamis ou les tempêtes. La problématique générale est la suivante : À quels phénomènes et à quels types d'évolution de l'aléa risquent d'être soumises les populations ?

Le documentaire nous présente les différents aléas caractéristiques des inondations d’un point de vue physique et scientifique, et leurs impacts sur l’environnement et les populations. Ainsi, avec des images de synthèse, sont expliqués les évènements de Mousson, de submersion marine, et comment à travers le ruissellement, les inondations peuvent se former. En temps normal lorsqu’il pleut, une partie des précipitations s'évapore et une autre s’infiltre dans les sols mais lorsque ceux-ci sont saturés ou recouverts d’une surface imperméable tel que l’asphalte, l’eau ruisselle et peut causer des inondations. Ces phénomènes sont étudiés dans de nombreux pays à travers le monde, et l’avis de plusieurs hydrologues et géographes est apporté sur la question.

Par la suite, le documentaire nous montre en quoi la surpopulation et les changements climatiques peuvent avoir un impact sur la gestion des inondations. Aujourd’hui, la population mondiale ne cesse d’augmenter, migre vers les villes et entraine la construction d’infrastructures sur des terrains inondables. Le documentaire mentionne plusieurs cas majeurs d’inondations, notamment en Asie, dans des régions pauvres de l’Inde et de la Chine, qui subissent des phénomènes de mousson très importants, mais également au sein de zones plus prospères comme le Japon ou la France. Ce documentaire témoigne du fait que la richesse d’un pays est assez déterminante en termes de bonne gestion des risques. Un pays pauvre et surpeuplé tel que l'Inde verra sa population s’installer où elle le peut, à savoir dans des bidonvilles et des habitations insalubres. Si des inondations se produisent, la population n’a aucune infrastructure solide pour se protéger. A Bombay, il a plu un mètre de pluie en 24h. Il peut dès lors y avoir des dégâts humains très importants. En effet, il suffit de 30 cm d’eau pour emporter une voiture. Les inondations ont également des impacts économiques majeurs en considérant les dommages matériels qu’ils peuvent causer. Des habitations entières se retrouvent détruites et des familles se retrouvent sans foyer. En outre, l'insalubrité, les déchets et les cadavres animaux souillent l’eau stagnante, induisant la propagation de contaminants. Un pays riche aura davantage de moyens pour prévenir les futures catastrophes : le Japon par exemple dispose d’infrastructures gigantesques avec des collecteurs à inondations construits sous la ville de Tokyo. La richesse d’un pays influence donc non seulement l’ampleur des dégâts matériels mais également le taux de mortalité associé aux inondations.

Avec les changements climatiques actuels et futurs, les inondations seront de plus en plus fréquentes. Ceci est décrit par Alice Baillat (chercheuse IRIS, spécialiste des migrations environnementales et de la géopolitique du changement climatique), avec notamment le cas du Bangladesh qui est menacé de disparition. Les inondations dans ce pays sont encore plus dévastatrices que dans d’autres en raison de son réseau hydrographique dense et de la montée des océans.

Analyse critique

Tout au long de ce documentaire, les explications scientifiques bien que vulgarisées sont nombreuses et précises. Divers spécialistes sont interrogés : hydrologues, géographes, météorologistes, géologues. Les informations sont enrichies par des animations en images de synthèse, les rendant plus compréhensibles et visualisables, bien que certains phénomènes soient cependant peut-être expliqués de façon simplifiée (mousson…). Le documentaire est fait pour caractériser les inondations de manière spectaculaire. Une voix de narrateur assez théâtrale nous accompagne tout au long de ce documentaire avec une musique en arrière-plan qui apporte une dimension dramatique.

Le film explique en quoi le réchauffement climatique crée une augmentation de la fréquence des inondations. Les températures plus hautes créent une augmentation de l’évaporation de l’eau des océans et rivières, ce qui apporte des masses d’eau plus importantes dans l’atmosphère. 

Le documentaire traite des impacts humains et matériels des inondations. Il suggère que les impacts des inondations dépendent du climat de la zone considérée mais aussi et surtout de la gestion des risques. Emma Haziza, une des spécialistes interviewées a soutenu une thèse en 2003 sur les sciences et gestion de risques et apporte son savoir au fil du documentaire, parmi d’autres experts. Plus une zone est préparée aux inondations et a investi dans des infrastructures solides, moins il y aura d’impact sur la zone. Ainsi, en Inde, les impacts sont plus importants et la population plus impactée à cause de la pauvreté du pays. Il peut y avoir des maladies qui se propagent, des habitations entièrement détruites. Au Japon, les dégâts et les impacts ne sont pas vraiment mentionnés puisque le pays a les infrastructures nécessaires pour mieux se protéger. 

Un spécialiste météo de BFM considère la construction sur terrains inondables dans le monde comme une décision inévitable au regard de l’accroissement de la population et comme une ignorance des zones classées inondables. Cependant, en France par exemple, les prix et la demande de l’immobilier sont élevés dans certaines régions telles que les Alpes maritimes et il est très compliqué pour les élus locaux de faire obstacle aux promoteurs immobiliers ou aux particuliers qui souhaitent construire en zone inondable. Les élus font en effet face à de nombreuses pressions. Dès lors, ces constructions aventureuses pourraient être évitées si les politiques s'accordaient sur la sécurité liée aux risques d’inondation.

D’après le documentaire, il semblerait que le facteur principal de gestion des inondations est l’argent que le pays mobilise ou non pour s’assurer qu’il n’y ait pas de dégâts humains ou matériels. Toutefois, certains pays sont bien évidemment plus exposés à de tels risques, dus à leur situation géographique et au climat. Malgré tout on continue tout de même à construire sur des terrasses inondables et aucune mesure ne semble être prise, d’après le documentaire, pour changer cela. Emma Haziza, une hydrologue interviewée, explique que l’Inde n’a pas intégré la question du risque, pourtant récurrent, dans les questions d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Cependant il aurait été pertinent d’avoir l’avis d’un urbaniste indien, ou de décideurs, sur cette question et sur les contraintes budgétaires ou autres qui peuvent intervenir. Il aurait été également intéressant d’avoir le point de vue d’un économiste afin d’analyser les raisons pour lesquelles un pays touché par des inondations met, plus ou moins, en œuvre des politiques de gestion de risques. 

Enfin le réchauffement climatique n’épargnant aucun pays du monde, les pays riches auront à fournir des efforts constants en termes de gestion de risque face au risque grandissant d’inondations catastrophiques. Ce point n’est pas développé dans le documentaire.

(Avec des contributions de Louise Hurand et Louise Sautreau)

Bibliographie 

Laurent S. 2015. Inondations : 6 questions et 4 cartes pour comprendre l’ampleur des dégâts. Le Monde. 5/10/2015. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/05/inondations-six-questions-et-quatre-cartes-pour-comprendre-l-ampleur-des-degats_4782895_4355770.html (Consulté le 14 novembre 2021)

Qazi Kholiquzzaman A. 2006. Changement climatique, inondations et gestion des crues : le cas du Bangladesh. Hérodote, Volume n° (121). Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-herodote-2006-2-page-73.htm (Consulté le 5 décembre 2021)

Mortureux M. 2017. La gestion du risque inondation par l’état. Annales des Mines - Responsabilité et environnement, Volume n°(86). Disponible sur : DOI 10.3917/re1.086.0074 (Consulté le 5 décembre 2021)

Anon. 2021. Inondations en Europe : pourquoi le bilan est-il si meurtrier ? 17/07/2021. Disponible sur : https://www.sudouest.fr/international/inondations-en-europe-pourquoi-le-bilan-est-si-meurtrier-4183637.php (Consulté le 6 décembre 2021). 

Haziza E. 2003. Modélisation mensuelle pluie-débit/apport de la spatialisation : cas des données de sol (Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences de l’Eau dans l’Environnement Continental). Université Montpellier II : Faculté des Sciences et Techniques du Languedoc, 100p. Disponible sur : https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers17-04/010031536.pdf (Consulté le 07/12/2021)

 

 

 
 

Additional Info

  • Director: Franck Gombert
  • Producer: RMC story
  • Language: French
  • Year: 2019
  • Duration (min): 53
  • Theme: Climate change, Water governance, Sustainability, Flood, Rivers, Water politics, Water and community
  • Access: Free
  • Country: France, India, Bangladesh, Japan
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 4
  • Academic quality: 2.5
  • Social interest: 3