L'eau, la nature et la ville

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Synopsis

Sorti fin 2010, l’Eau, la nature et la ville est un documentaire produit par MEDIA PRO et le GRAIE : le Groupe de Recherche, Animation technique et Information sur l’Eau. Dans une courte introduction, le documentaire expose l’ensemble des principales problématiques de l’eau en milieu urbain afin d'en « décrypter » les enjeux à l’aide de professionnels du domaine de l’eau. Dans un premier temps, les auteurs ont choisi d’expliquer comment le cycle de l’eau est modifié par les activités humaines. Le documentaire présente notamment les captages d’eaux superficielles ou souterraines, la station d’épuration, en passant par les réseaux d’eau potable et d’eaux usées. Ce nouveau cycle est alors appelé le cycle urbain de l’eau. Dans un second temps, les auteurs présentent la gestion historique et actuelle des précipitations, un paramètre fondamental dans le cycle urbain de l’eau. Dans le contexte du changement climatique, le documentaire détaille les risques que pourrait engendrer une mauvaise gestion des eaux pluviales. Les risques majeurs cités sont les pollutions du milieu aquatique et les inondations. Après avoir présenté l’essentiel des problématiques hydriques en milieu urbain, les auteurs, dans un troisième temps, développent le concept d’une écologie urbaine, basée sur une meilleure gestion des eaux urbaines et un retour de la nature en ville. Pour cela ils comparent la gestion des eaux pluviales et usées entre les années 70–90 et aujourd’hui. Ils précisent notamment que les eaux urbaines étaient, à l’époque, considérées comme nuisibles et devaient à tout prix disparaitre de la ville. Alors qu’aujourd’hui, ces mêmes eaux doivent être stockées dans des bassins de rétention ou des noues afin d’être réutilisées, mises en valeur, ou pour être réinjectées soigneusement dans le milieu aquatique. Tout cela en vue d’éviter les inondations, des pollutions localisées ou l’apparition d’ilots de chaleur. Les auteurs présentent quelques techniques alternatives de gestion de l’eau en ville, et pour cela prennent l’exemple du parc technologique de Lyon, dans le centre de la ville, qui est une mise en pratique des concepts que le documentaire nous expose. Des noues (et des tranchées drainantes) pour laisser l’eau s’infiltrer et des décanteurs pour lutter contre la pollution des eaux pluviales sont installées dans ce parc. Enfin, le documentaire conclue sur le nécessaire développement socio- économique de la gestion de l’eau.

Analyse

De l’explication assez simpliste des procédées et des termes utilisés, ainsi que de sa réalisation, on peut vite déduire que ce film a un objectif informatif et de sensibilisation, et est destiné au grand public. Le GRAIE est en effet une structure animant des groupes de travail destinée à la sensibilisation du public aux problématiques liées à l’eau.

Ce film se montre en avance pour son temps. En effet, après plus de 10 ans et dans un contexte d’inondations presque chaque année, les principales idées du documentaire n’ont jamais autant été d’actualité qu’aujourd’hui. Quelques années après sa sortie, des lois et règlementations en lien avec les idées du documentaire ont vu le jour. Il y a notamment la GEMAPI en 2014 pour attribuer les compétences de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations aux communes, l’arrêté du 21 juillet 2015 pour privilégier la gestion des eaux pluviales à la source, la loi NOTRe pour attribuer la compétence de l’assainissement aux communes, et la loi ALUR pour prévoir une part minimale de surface non imperméabilisée afin de contribuer au maintien de la biodiversité et de la nature en ville.

Le documentaire cherche à démontrer que malgré l’efficacité du système de gestion de l’eau en ville d’un point de vue sanitaire, ce système doit évoluer du fait des pressions anthropiques et climatiques vers un système permettant l’accroissement de la ressource, son économie et sa valorisation. Il insiste sur le fait que seule l’intégration de toutes les facettes de la problématique de l’eau et de l’environnement par les différents acteurs du territoire est la clé d’une bonne gestion de l’eau. Le partage des eaux entre la ville et l’agriculture doit également être repensé, une solution serait par exemple de concilier les deux en favorisant le développement de l’agriculture urbaine.

Dans les trois premières parties, le documentaire démontre également que les anciennes politiques d’aménagement ont favorisé involontairement l’apparition d’inondation et de pollutions localisées lors du rejet des eaux pluviales dans le milieu naturel. Conséquences qui auront notamment un impact sur la biodiversité et la qualité de l’eau potable.

C’est pourquoi, les intervenants et les auteurs du documentaire prennent résolument parti pour une gestion durable et verte de l’eau dans la ville. En effet, les auteurs expliquent vouloir rendre plus fréquent le développement de noues et d’espaces verts en général, tout en limitant l’imperméabilisation des sols et la construction de nouveaux réseaux. Ils prennent position pour une conciliation entre l’eau, la nature et la ville, chose que l’on voit de plus en plus aujourd’hui avec la création d’écoquartiers, par exemple.

Le documentaire présente aussi quelques solutions émergentes – à grande échelle – comme lorsqu’un intervenant prend l’exemple d’Alger qui cherchait à réaliser des économies d’eau tout en accroissant la ressource en eau par la réalisation de nouveaux forages ou encore en dessalant l’eau de mer.

Cependant, l’intervenant ne précise pas les impacts environnementaux causés par le dessalement de l’eau de mer ou la construction de forages supplémentaires.

Par la suite, les auteurs nous présentent certaines innovations plus locales et adaptées aux milieux urbains, comme l’utilisation de la chaleur des eaux usées pour chauffer un immeuble, la réutilisation des eaux usées qui sont chargées en azote et en phosphore pour l’agriculture ou encore la technique des filtres plantés.

La technique des filtres plantés est un exemple concret de ce qui doit être mis en place en ville d’après les auteurs. Ce sont des installations d’assainissement non collectifs utilisant le principe de la phytoépuration. Les eaux usées passent dans des bassins remplis de graviers dans lesquels sont plantés des roseaux, des scirpes, des joncs, qui sont des plantes favorisant le développement de bactéries épuratrices. Cette méthode permettrait l’épuration d’environ 90% de la matière organique, ainsi qu’une valorisation des eaux usées, sans dégagement de mauvaises odeurs et de production de boues épuratoires. Ces installations sont aujourd’hui reconnues – dans le cadre du développement durable – en tant que filière pouvant être employée par les particuliers sans nécessiter d’y associer de contraintes règlementaires.

Enfin, les auteurs et les intervenants insistent sur la nécessité de mettre en place une nouvelle politique économique, prenant en compte les bénéfices socio-économiques d’une gestion durable de l’eau, et favorisant les investissements dans le domaine de l’eau pour développer un urbanisme « vert » et mettre en place ces techniques alternatives de gestion des eaux, tout en gardant une économie croissante. Une croissance verte.

(Avec des contributions de Jules Barbazanges et Baptiste Farnoux)

 

Pour en savoir plus

https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/CEDD%20-%20Croissance%20verte.pdf https://books.google.fr/books/about/Urbanisme_et_inondation_outils_de_r%C3%A9con.html?id=sCSBngEA CAAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y

https://jancovici.com/transition-energetique/occupation-des-sols/en-combien-de-temps-aurons-nous- urbanise-toute-la-france/

https://www.geo.fr/environnement/ecoquartier-environnement-developpement-durable-45637

https://assainissement.ooreka.fr/comprendre/filtres-plantes

 

Additional Info

  • Director: Jérôme Surroca
  • Producer: GRAIE
  • Language: French
  • Year: 2010
  • Duration (min): 52
  • Theme: Climate change, Water quality, pollution, Flood, Water cycle & hydrology
  • Access: Free
  • Country: Global, France
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 3
  • Academic quality: 3
  • Social interest: 4