Planter l’eau c’est possible

 

 

 togo

Synopsis/Contenu Du Film

Comme bon nombre de pays à travers le monde, et en Afrique particulièrement, le Togo subi de plein fouet les aléas du changement climatique tant au travers des inondations que des sécheresses prolongées. Ceci entraîne ainsi des conséquences néfastes sur la disponibilité de la ressource en eau, affectant donc d’autres activités annexes tels que l’agriculture et l’élevage.

Au nord du Togo, dans le département de Doufelgou dans la région de la Kara, il existe depuis 2008 un Centre International de Développement Agropastoral (CIDAP) dans le village de Natoug. Il est implanté sur environs 9 hectares et depuis 2013 a acquis le statut d’écovillage à la suite de la conférence panafricaine de Nairobi. Le centre à pour objectif de promouvoir l’éducation, l’écologie et la culture a fin de répondre aux dimensions économique (agriculture et élevage), sociale (solidarité communautaire) et environnementale (préservation des sols et l’agroécologie) auxquelles doit répondre un écovillage

Avant l’implémentation de l’écovillage, les pratiques agricoles non respectueuses de l’environnement, telles que les feux de brousse et la déforestation pour du bois de chauffe, avaient un impact significatif sur la qualité des sols, les rendant pauvres et moins fertiles à cause de l’érosion.

Dès la genèse du projet, le village ne disposait d’aucune ressource hydrique facilement accessible et l’eau était apporté via des camions citernes depuis une source située à 7 km. Des puits, 14 au total, creusés par le CIDAP ont été assailli par les populations des alentours et ont rapidement tari. Face à cette problématique et en collaboration avec des partenaires, une solution fut envisagée. Il s’agissait de construire des bacs de rétention ou bassins de rétention, ou « plages de rétention » d’eau. A cet effet, 32 plages de rétention d’eau, ainsi que des canaux d’acheminement ont été construits dans le but de recueillir les eaux de ruissellement durant les périodes de pluies. Le but étant, de rendre la ressource disponible pendant les périodes sèches. Ceci a donc permis aux populations et au CIDAP d’irriguer et d’utiliser cette eau pour des besoins domestiques.

Plus tard, un problème est rapidement apparu. Malgré le fait que les bacs étaient construits en escaliers, afin de limiter l’érodabilité des berges, ces dernières s’érodaient et comblaient les bacs, réduisant de ce fait leur capacité de stockage. Le curage n’étant pas une solution durable, l’idée mise en œuvre a consisté à renforcer les berges avec des pierres et du béton.

En outre, grâce à une topographie favorable, les bacs se succèdent de l’amont en aval. Ainsi lors qu’un bac est à sec, le suivant est mis en utilisation. Cette disposition assure également la recharge des bacs en aval et des puits par des bacs en amont. L’eau est donc disponible toute l’année sur site.

Analyse Critique

Les bassins de rétention en eau "on-farm", de différentes tailles, sont une solution que l’on retrouve dans de nombreux pays. La solution illustrée par ce film concerne 34 petits bassins sur 9 hectares. Il s'agit d’un exemple de "water harvesting" ou collecte d’eau de ruissellement.

La première limite concerne le transfert et la concentration des pollutions. Etant sur un site agroécologique, où la non-utilisation d’engrais synthétiques est promulgué et où les engrais organiques comme le fumier sont utilisés, on peut se questionner sur les risques de pollution des eaux collectées par les bacs de rétention. Leur utilisation à des fins agropastorales et domestiques exposent les populations à des risques sanitaires.

Autre contrainte, les pertes en eau par infiltration profonde et évaporation doivent être importantes, malgré la nature argileuse ferralitique des sols. L’installation de revêtements imperméables en plus du renforcement des berges aurait assuré une meilleure préservation de la ressource.

Une autre observation, concerne la mise en disposition des eaux collectées. Il n’est pas précisé dans le film comment les eaux sont mobilisées pour irriguer les parcelles et comment est-ce qu’elles sont traitées pour des usages domestiques.

Enfin, il est bon de s’interroger sur la reproductibilité du modèle, bien qu'il existe d’autres concepts identiques à celui sur d’autres territoires comme le Pérou (GEO et AFP, 2021) et certains pays africains (M.D. Lee et J.T. Visscher, 1990). Un premier aspect est celui de l’impact d’un water harvesting généralisé sur les écoulements et donc les usages à l’aval. C'est le problème rencontré en Inde après la multiplication de tels systèmes. Un deuxième est celui de l’entretien des infrastructures. Le troisième est la dimension financière: on ne sait pas quel est le coût de telles installations. Enfin il n'est pas mentionné que le projet ait été répliqué ailleurs, ce qui jette un doute sur sa reproductibilité, notamment en termes de main d’œuvre et financement à mobiliser.

Sur la forme le film laisse à voir les moyens limités qui ont pu être mobilisés. La voix de la narratrice tout au long du film n’est pas dynamique et attrayante. Il manque une musique de fond qui permettrait de capter l’attention des téléspectateurs. En outre, le cadrage de la caméra n’est pas optimal, étant donné qu’elle bouge pratiquement tout le long du film. Pour terminer, il aura été intéressant d’avoir une vue aérienne du site, afin d’apprécier la disposition opérationnelle des ouvrages (puits et bacs), et aussi de connaitre le coût total d’implémentation, ainsi que les partenaires locaux, nationaux et internationaux qui ont contribué à la réalisation de ce projet.

 

Références biblio pour aller plus loin sur le sujet

GEO et AFP. 2021. Au Pérou, une ONG « sème de l’eau » grâce à des canaux pré-hispaniques - Geo.fr. Disponible sur : https://www.geo.fr/voyage/au-perou-une-ong-seme-de-leau-grace-a-des-canaux-pre-hispaniques-204549 (Consulté le 2 avril 2023).

M.D. Lee et J.T. Visscher. 1990. Water Harvesting in Five African Countries Occasional Paper Series. IRC Wash (International Reference Center on Community Water Supply), p. 23‑80. Disponible sur : https://www.ircwash.org/sites/default/files/213.1-90WA-7744.pdf (Consulté le 2 avril 2023).

Thomas G. 2016. Gestion des eaux pluviales. Edito, p. 34.

Zeng B., Tan H. qiao, et Wu L. juan. 2007. A New Approach to Urban Rainwater Management. Journal of China University of Mining and Technology, 17(1), p. 82‑84. DOI : 10.1016/S1006-1266(07)60018-2

 

Additional Info

  • Director: Tchapo Dikpina KOUTOUMNA
  • Producer: REGARDAFRIK
  • Language: French
  • Year: 2017
  • Duration (min): 26
  • Theme: Domestic water, Water scarcity, Sustainability, Water and community
  • Access: Free
  • Country: Sub-Saharan Africa
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 2
  • Academic quality: 2.5
  • Social interest: 3