Chagrin d’eau douce

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Synopsis

Depuis plusieurs décénies, des générations de pêcheurs pratiquent la pêche à l’anguille dans la vallée du fleuve Saint-Laurent au Québec. Ces dernières années, cette activité ancestrale, savoir-faire entretenu de génération en génération et principal gagne-pain de nombreuses familles vivant sur les bords du fleuve, connait un déclin sans précédent. Tout au long du film , les différents intervenants (pêcheurs et enfants de pêcheurs pour la plupart), expliquent que la pêche à l’anguille est un heritage ancré dans leur quotidien, remontant probablement à l’époque des amérindiens. De l’ile d’Orleans (avec Joe Parquet)  à Kamouraska (avec Madame Madore et les frères Ouellet), en passant par Saint-Romuald (avec Bernard Coté), le constat est le même dans toutes ces localités quebéquoises situées sur les rives du fleuve Saint-Laurent : la pêche à l’anguille est en pleine regression.

En premier lieu, comme l’explique d’un des frères Ouellet, la surpêche à l’anguille en Nouvelle Écosse, sur leur route migratoire, est pour beaucoup dans la diminution de celles-ci : la pêche y est autorisée à d’autres exploitants qui exportent leur production. Ensuite, Madame Madore explique que les barrages empêchent la migration des anguilles vers l’amont du fleuve, pertubant ainsi leur cycle de vie naturelle. En effet, les poissons qui arrivent à échapper aux filets finissent hachés, broyés par les pales des turbines de grands barrages hydroélectriques dont le nombre a considerablement augmenté au cours des dernières décennies. Les pécheurs le long du Saint Laurent se voient ainsi obligés de récolter les maigres restes de poissons, et cela au gré des marées du fleuve.

Pour sauver leur activité et aussi accroitre leurs revenus considerablement reduits par la disparition des anguilles, certains pêcheurs se sont lancés dans la transformation avant commercialisation du poisson. Il est à craindre toutefois que leur activité soit vouée à disparaître car, des 67 pêcheurs que comptait la region en 2009, il n’en reste plus qu’une quinzaine. Par ailleurs, du fait du déclin de leur activité, les autorités gouvernementales leur proposent de leur racheter leurs permis de pêche, et cela sur une base volontaire.

Analyse critique

Ce documentaire est un exemple concret de la difficulté de satisfaire tous les acteurs dans le cadre d’une gestion intégrée de la ressource en eau. Au-delà des bénéfices d’un barrage hydroélectrique (notamment la fourniture de l’électricité), il pointe du doigt des aspects collatéraux de leur implantation. Ici, il s’agit du chamboulement d’une activité ancestrale ancrée dans les habitudes des populations vivant en aval des barrages.

La réalisatrice, Evelyne Guay, connue pour donner la paroles aux personnes qui en sont privées sur des sujets qui sont souvent passés sous silence (son film « couper court » en est un exemple), permet ici aux pêcheurs de s’exprimer sur leur situation vis-à-vis de l’activité des barrages. Pour ceux-ci, la surpêche pratiquée en Nouvelle Écosse et la mort des anguilles dans les pales des helices du barrage sont les principaux facteurs qui menacent la pêche aux anguilles d’extinction, cette activité ancestrale étant devenue très peu productive. En outre, ils sont mécontents de l’attitude du Gouvernement qui ferme les yeux sur les impacts négatifs des activités des barrages. En somme, la gestion de la ressource en eau se fait à leur détriment.

En revanche, le film ne présente pas les témoignages des personnes mises en cause à savoir la société d’Etat Hydroquébec et les pêcheurs de la Nouvelle Ecosse. Leurs points de vue auraient pu donner un angle de vue plus large, différent ou nuancé sur la problématique des barrages et de leur impact en aval.

Il est aussi important de noter que le film fait mention d’un  problème majeur sans toutefois trop l’approfondir : le rachat des permis de pêche. En réalité, ce rachat interviendrait comme un accompagnement des pêcheurs dont l’activité est en plein déclin et qui pourraient se retrouver sans activité éconimique. Saisir cette occasion leur permettrait une reconversion professionnelle.

En résumé, Chagrin d’eau douce révèle, à travers le déclin décadence de la pêche aux anguilles, l'impact des barrages hydroélectriques sur la faune aquatique, sur les activités humaines et sur les populations vivant en aval de des barrages. Surtout, il nous sensibilise sur la vulnérabilité de notre écosystème et s'interroge sur la place que nous réservons à notre patrimoine naturel.

(Contributions de Nelson Kone et Abdoulaye Ahmat)

 

Références bibliographiques

www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/34688_1

www.spira.quebec/film/202-aimons-nous-quand-meme.html

www.cehq.gouv.qc.ca/barrages/ListeBarrages.asp?region=Montr%E9al&Num=06&Tri=No&contenance1=on&contenance2=on&contenance3=on

 

 

Additional Info

  • Director: Evelyne GUAY
  • Producer: Scriptech Média, Parages Films
  • Language: French
  • Year: 2011
  • Duration (min): 55
  • Theme: Dams, Environmental degradation, Fisheries, Water and community, Aquatic ecosystems
  • Access: Free
  • Country: Canada
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 4.5
  • Academic quality: 2.5
  • Social interest: 4